L'Histoire de l'H2S

racontée par Bernard KUBALLA, 
Maître de conférence de pharmacognosie à la retraite
La plus ancienne photo connue des étudiants de pharmacie alsaciens-lorrains : 
(de gauche à droite)
Assis par terre : 
NOTH, MAECHTLIN
1er rang, assis :
DERIVAUX, MOYSES, MUNSCH, OBRECHT, KILLIAN, VOGT, MINOD, LAUDENBACH
2ème rang, debout :
MEMMINGER, THUMANN, HUSSER, HAHN, BEIGER Joseph, NICKLÈS, KOENIG, WEBER, DAVID, DAMMRON(manque un nom)
3ème rang, debout à droite du drapeau :
RECOURAT, HAUTH Fritz, HAUTH Émile(manque un nom)
Le contexte
Création de la Société des Élèves en Pharmacie d’Alsace-Lorraine (S.E.P.A.L.)
1871. À peine séparées de la France, l’Alsace et la Lorraine voient affluer bon nombre de diplômés allemands désireux de s’installer de ce côté du Rhin, le nombre de pharmacies étant strictement limité dans le reste de l’Allemagne. Pour lutter contre cet afflux de concurrents et pour faire respecter leurs droits légitimes, l’idée de se regrouper en une seule et unique association s’est très vite imposée pour les élèves de pharmacie alsaciens-lorrains. La Société des Élèves en Pharmacie d’Alsace-Lorraine (S.E.P.A.L.) est ainsi fondée au mois de juin 1871¹. Lors de sa prise de fonction, le 28 novembre 1871, le président C. JEHL fait un discours très applaudi dont on peut souligner une des phrases essentielles : « Notre but est donc de défendre, dans une entente commune avec les patrons, les intérêts sacrés de la pharmacie alsacienne, et surtout de maintenir intact ses droits »².
Dès 1872, pour que chaque membre se sente concerné (« L’union fait la force ! »²), le président C. JEHL décide de faire publier les compte-rendus des réunions mensuelles organisées par la Société pour les distribuer à tous les membres et ainsi permettre « des relations fréquentes et périodiques entre tous les membres d’Alsace et de Lorraine »². C’est grâce à ses compte-rendus que nous avons connaissance des détails de la vie de la Société des Élèves en Pharmacie.
18 août 1873
Photographie de la Société des Élèves en Pharmacie d’Alsace-Lorraine
Ce 3 août 1873, l’assemblée générale annuelle a lieu en dehors de Strasbourg, à « l’estaminet Meyer, hors la porte d’Austerlitz »², une des portes qui permettait de passer les murs d’enceinte de la ville.
Une trentaine d’élèves participent à près de 2h30 d’informations et d’échanges, suivies des discours et des bilans d’usage. En fin de séance, le président « nous rappelle que la photographie aura lieu à trois heures (15h00, NDLR), au Jardin Botanique, mis pour cette circonstance à notre entière disposition par le professeur [de Botanique], M. Anton DE BARY »².
Créé en 1619, le premier Jardin Botanique de Strasbourg était localisé dans le quartier de la Krutenau au n°1, rue de l’Académie, dans l’actuelle enceinte de l’École supérieure des arts décoratifs de Strasbourg (ESAD). L’École de Pharmacie se trouvait en face, au n°2 de cette même rue, occupé actuellement par une annexe de l’ESAD.
Ce jardin remarquable a été utilisé comme cimetière lors du bombardement de Strasbourg en 1870, les Strasbourgeois n’ayant pas accès aux cimetières classiques situés à l’extérieur de la ville. En 1884, un nouveau Jardin Botanique sera créé dans ce qui devint le campus wilhelmien où s’installera l’Université Impériale. Il a conservé depuis sa place au niveau de l’Institut Botanique, rue Goethe⁴.
Anecdote
Cent-vingt-cinq ans plus tard…
Le secrétariat de la faculté a de temps en temps des demandes de renseignements concernant tel ou tel ancien étudiant qui avait fait ses études à Strasbourg et dont la famille souhaiterait retrouver l’une ou l’autre trace dans les documents administratifs.
C’est ainsi qu’en octobre 2018, une demande arrive à la faculté concernant un pharmacien qui avait fait ses études à Strasbourg dans les années 1870. La personne avait bien une photo d’un groupe d’élèves/étudiants dans lequel se trouvait le pharmacien en question mais ne sachant pas à quoi il ressemblait, elle demandait si la faculté pouvait lui venir en aide.
Le secrétariat m’interrogea sur cette question sachant que je m’intéressais à l’histoire de la faculté. Les photographies de groupes où les noms des participants sont notés sont extrêmement rares et en a priori, je n’avais pas beaucoup d’espoir de trouver rapidement la solution au problème posé. Cependant, lorsque l’on m’a montré la photo, j’ai été extrêmement surpris de la reconnaître instantanément : c’était la photographie de 1873, une des rares à justement porter les noms des participants, c’est-à-dire celle que nous venons d’évoquer dans ces pages, celle publiée et commentée dans sa thèse par Gabriel HUMBERT¹. Le pharmacien en question s’appelait Joesph BEIGER. J’ai pu ainsi ajouter son prénom à la liste fournie par G. HUMBERT.
Cerise sur le gâteau, la photo transmise était en bon état et comme souvent, de bien meilleure qualité que celle imprimée dans les thèses. C’est celle qui vous a été présentée dans ce document.
Une photographie plus ancienne du groupe d’élèves a été réalisée suite à l’Assemblée Générale du 10 août 1872².  À notre connaissance, aucune trace de ce document n’a été recensée à ce jour. À bon entendeur…
1. Gabriel HUMBERT (1938) – Contribution à l’Histoire de la Pharmacie Strasbourgeoise, Mulhouse, Imp.                  Brinkmann, pp. 163-167 et p. XVI
2. Compte-rendus des séances de la Société des Élèves en Pharmacie d’Alsace-Lorraine, Strasbourg, Imp.                Fischbach, BNU M 33.412 (du n°1, janvier 1872 au  n°12, janvier 1887) ; 1872, 2e CR pp 1-2 ; 1873, 4e CR, pp 1-2.
3. André GEORGIN : La faculté de pharmacie de Strasbourg : une faculté européenne (2004), publié sur le site         « Art & Patrimoine pharmaceutique » à l’adresse :
4. http://jardin-botanique.unistra.fr/historique ; consulté le 21/02.2019
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